mardi 12 août 2008

Le Grand Retour du Petit Chaperon Rouge

C'était un dimanche de septembre 2007 devant l'Ecole Militaire, tôt le matin, et pourtant, on était très contentes d'aller courir la Parisienne.



Je portais encore mon sweat-shirt de Petit Chaperon Rouge, mais pendant la course et le reste de la journée, il a fait très chaud. J'ai donc par la suite adopté un look "vahiné-chic" puisque la Polynésie Française était à l'honneur.



Samedi dernier, le Petit Chaperon Rouge était de retour, même sweat-shirt, horaire encore plus matinal (d'où la tête à l'envers sur la photo) mais cette fois-ci à l'assaut du Mont Royal et de sa Course des 3 et 5 miles.


Une expérience inédite
Habituée à la Parisienne, ses 11000 participantes et sa longue file d'attente pour déposer son sac au vestiaire, j'ai pris le bus, dès potron-minet, pour arriver 1h avant l'heure de départ. Au lieu de la grosse machine gérée comme une opération de marketing événementiel pour les (généreux) sponsors (mmm, merci, trois échantillons, deux coupons de réduc et un faux tshirt Reebok pourri...), je découvre une manifestation familiale. Point de village de tentes d'un kilomètre carré, d'aire d'échauffement collectif ou de forces de police déployées sur zone.


Seulement 3 tentes à côté du Chalet, point culminant du Mont Royal, duquel on a une vue imprenable sur le centre-ville et la rive sud.


En 1/4h, j'avais récupéré ma puce de chronométrage (très pratique, accrochée autour de la cheville par un bandeau à velcro), sympathisé avec un des organisateurs pour qu'il garde mon sac pendant la course puisqu'il n'y a pas de vestiaire, et visité le stand Nike qui fait de la pub pour sa Human Race (un 10 km couru simultanément dans 25 grandes villes du monde le 31 août 2008, dommage, au Canada, ça se passera à Vancouver...) et son Sportband Nike+.



Tout ceci est nouveau pour moi, je ne connais personne alors que généralement, on est toute une bande, coureurs et spectateurs. Après la course, on attend de longues minutes en espérant que cette année, on va gagner cette foutue Twingo au tirage au sort, puis c'est le picnic sur le Champs de Mars avec les petites douceurs que tout le monde nous a amenées. Ouais, quand on court, on ne se préoccupe pas de la logistique du picnic et on joue les pique-assiettes. Là, je connaissais personne alors je me suis échauffée tranquillement dans mon coin, en observant les forces en présence. Les jumelles rousses, quadra, ultra-bronzées et méga-musclées. La famille où la mère court avec ses deux fils ados. La Running Room Team qui s'est entrainée sous l'égide de la chaine de boutiques d'articles de courses à pied. Les vrais sportifs qui portent des tshirts de courses diverses et variées. Et les deux obèses qui se disent que, peu importe le temps, pourvu qu'ils arrivent à finir,
Note pour plus tard : (re)convertir les potes à la course comme je l'ai fait pour le golf... pas gagné.

A vos marques...
Deux courses avaient lieu en même temps : 3 miles (4.8 km) et 5 miles (8 km) J'étais normalement inscrite pour le 3 miles, je dis "normalement" parce que tout ne s'est pas passé exactement comme prévu. Avant le départ, un des organisateurs nous a décrit le parcours - montée, descente puis remontée, faut donc en garder sous le pied pour la fin, ok ? – et nous a expliqué que ceux qui étaient inscrits pour le 3 miles portaient des dossards bleus et seraient aiguilliés à un endroit sur le parcours pour remonter avant ceux qui couraient le 5 miles (les dossards blancs).

9h00, nous voilà partis. J'applique ma tactique de course habituelle, si on peut appeler ça une tactique : iPod à fond, je pars devant, au rythme des coureurs les plus rapides, quitte à me faire semer dès le premier kilomètre. Quand il y a 12000 concurrentes plus ou moins en forme, ça permet de ne pas être emmerdée par les boulets qui bouchent le chemin parce qu'elles discutent chiffons ou qu'elles ont abimé leur french manucure en faisant leurs lacets ;) Ici, on doit être 200, gros max, donc on est pas gêné aux entournures... Peu importe, je continue comme ça.

D'habitude, je passe par tous les états, j'ai le coeur qui bat à 2000 à l'heure, j'ai la bouche sèche et envie de vomir, j'ai chaud puis froid puis chaud, et je me demande ce que je fous là alors que je pourrais être au lit. Bref, je gère rien du tout, et je passe la ligne d'arrivée au bord de l'apoplexie, mais en améliorant systématiquement mon temps !!!

Là, même si ça monte et que je n'ai pas l'habitude, j'ai pas l'impression que je vais mourir au bout d'un kilomètre. Je maintiens une vitesse correcte qui me permet de passer le 1e mile en 8 minutes avant d'attaquer la descente. Même si l'organisateur a dit de faire attention, de ne pas se laisser emporter dans la descente parce qu'il faudra remonter après, m'en fous, je cours aussi vite que mes jambes me le permettent. 2e mile, ça roule, ma poule, on est presque arrivé.

J'avais préparé une playlist avec plein de morceaux rythmés qui m'aident à courir mais je ne me souviens d'aucun, sauf de Divine Idylle de Vanessa Paradis dans la première montée. Ca m'a rappellé le concert que j'ai vu avec Cathy. Mon esprit s'est évadé quelques instants, je nous revois en train de chanter et danser avec des jeunes de notre âge ! Je me demande ce qu'elle fait en ce moment. Ah oui, elle est en vacances dans le Vercors. Et alors, ça se passe bien ? Les enfants, bien remis de la varicelle ? Bref, je cours sans trop m'en apercevoir, comme on mange du pop corn en regardant un film.

Arrivée au 1e point d'eau, je prends le verre qu'on me tend, avale une gorgée, et comme à chaque fois, la moitié passe par le nez. J'ai connu plus agréable, comme sensation. Note pour plus tard : acheter une de ces ceintures ridicules avec des petites bouteilles à bouchon sport attachées tout autour, ça fera comme Astérix et sa potion magique ;) et j'arriverais peut-être à boire avec la bouche et non le nez...

La descente se poursuit et je guette le moment où on va me signaler qu'il faut reprendre le chemin du sommet. C'est là que je croise la balise marquée 3 M. Euh, y a un truc qui va pas, là. Normalement, j'aurais dû tourner, remonter, et avoir envie de mourir tout de suite, puis passer la ligne d'arrivée. Mais rien de tout ça aux alentours. Un coup d'oeil sur le temps. Waouh, 23 minutes et des bananes ! Un coup d'oeil autour de moi. Waouh, que des dossards blancs ! Il semblerait que j'ai loupé un épisode.

Le gars qui court à côté de moi me demande ce qui se passe. Je lui dis que je suis pas censée être là mais que je ne vois pas où j'aurais dû tourner. Sur ce, on continue en discutant. T'es française, non ? T'habites ici depuis longtemps ? 4 mois. Moi aussi, tu fais quoi dans la vie ? Je bosse chez IATA, et toi ? Je suis ingénieur. Ah ouais, pas mal. Complètement surréaliste, comme conversation ! Il poursuit son chemin, et moi, je cours comme dans une BD, avec un gros point d'interrogation au dessus de la tête.

Attention, "decision making" ! OK, j'avais signé pour 3 miles, pas pour 5, mais j'ai loupé le coche alors autant continuer, tant que j'y arrive. On verra bien ce qui se passe dans la montée. Parce que, la fin de course, faut le savoir, c'est généralement pas mon truc. C'est là que je m'écroule lamentablement et que je commence à me faire doubler, limite par des gens qui marchent. Très frustrant... Telle la Jean-Claude Duss de la course à pied, j'arrive pas à conclure.

Runner's high
Je commence à remonter en me disant qu'il reste pas loin de 2 km, que le coup de barre va me frapper d'un instant à l'autre, et que ça va être comme d'hab, je vais voir les gens passer à droite et à gauche, comme si je courrais à l'envers. J'attends, et ça ne vient pas. J'ai mal nulle part, je ne me sens pas complètement déshydratée, et je commence même à doubler des gens. Moi, je double des gens sur la fin de course ! Appellez CNN !

Ca monte et je continue à courir. Dernière portion du parcours, celle que je connais un peu parce qu'on y passe en se baladant près du Lac aux Castors.

D'ailleurs, il commence à y avoir du monde. Le parcours de la course n'est pas fermé, on court au milieu des promeneurs, des écureuils et des cyclistes... Je sais à peu près combien il reste avant l'arrivée, j'évite un groupe de vieux à peine descendus d'un bus climatisé, et c'est la dernière ligne droite. Allez, il reste 100m, je me paie le luxe de faire un petit sprint. 42'22" !

Je pense que j'ai expérimenté ce qu'on appelle le runner's high, une poussée d'endorphine libérée par le corps soumis à un effort intense et prolongé, dont l'effet est dit-on proche de celui des opiacés. Ca donne un sentiment d'euphorie, atténue la douleur et contrôle la respiration.

C'était la première fois que je faisais cette distance en condition de course et avec un chrono pareil. Si mon temps avait été comptabilisé dans le classement du 5 miles, j'aurais figuré dans les 50 premiers, hommes et femmes confondus, et dans les 5 premières femmes de ma classe d'âge.

Tout ceci nous amène au questionnement suivant. Le 14 septembre, en marge du Marathon de Montréal, il y a deux courses qui se terminent dans l'enceinte du Stade Olympique, un 5 km et un 10 km. Laquelle choisir ? Jouer la sécurité et courir une distance que je pratique 1 ou 2 fois par semaine depuis plusieurs mois ou tenter une nouvelle aventure en espérant être à nouveau frappée par la grace du runner's high ? Sachant que l'abandon n'est pas une option puisque le but ultime est de fouler la piste du Stade Olympique. J'ai jusqu'à fin août pour prendre la décision. A vos commentaires.

2 commentaires:

Le Président des 15-34 a dit…

Woa ! Respect ! Quel exemple, moi qui ai arrêté la course pour le golf... ben oui, je deteste porter un dossart... En tout cas, rien de mieux qu'une bonne bière après tout ça! Je m'en vais en siffler une à ta santé!
did

a dit…

Merci, Président, pour ces encouragements. Quant à la bière, je vois que tu as pris à bras le corps les préoccupations majeures de la tranche d'âge que tu présides ;) J'en dégusterai une bien fraîche dès la prochaine ligne d'arrivée franchie.