lundi 15 septembre 2008

Priceless

Ca faisait 18 ans qu'il n'avait pas plu à Montréal le jour du marathon. Heureusement hier, on s'est bien rattrapé : il a plu toute la matinée. Sympa, mon premier 10 km a aussi été ma première course sous la pluie ! Ca tombait bien, j'étais complètement détendue sur le sujet. La dernière fois que je suis allée avant la course, je me suis trainée lamentablement, et depuis, j'ai mal aux jambes. Dimanche matin, quand je me suis levée, j'étais raide comme un piquet, alors pourquoi s'en faire ???

Même après une petite balade sous la pluie pour aller jusqu'à la station de métro, j'étais pas bien réveillée. toujours sur pilote automatique, j'ai failli partir dans le mauvais sens, comme si j'allais au bureau. Dans un éclair de lucidité, j'ai aperçu le maillot du TFC de Laurent de l'autre côté de la station. Ca commençait bien...
Gérald, le troisième compère, nous a retrouvé sur le lieu du départ. Lui aussi était trop en forme. La veille, il était invité à l'anniversaire de son voisin où il a absorbé une dose assez sportive de champagne. Il avait donc mal au crâne et envie de courir 10 bornes comme de se pendre. Pour couronner le tout, il s'était remis à pleuvoir et on s'était pas vraiment échauffés.

8h45, départ. Les consignes étaient pourtant simples et précises : ne pas partir comme des fous pour ne pas éclater en vol au bout de 2 km, faire le premier kilomètre en 5'50" puis accélérer régulièrement tout au long du parcours. Autant vous dire que les consignes en ont pris pour leur grade d'entrée : plus de 30" d'avance devant le panneau 1 km. Un coup d'oeil de côté, pas besoin de parler, on avait tous compris, on était partis trop vite. Chassez le naturel...
Au deuxième kilomètre, on était revenu à un temps plus raisonnable mais il fallait rester viligants et ne pas trop ralentir non plus. Une longue partie de la course s'est déroulée sur la rue Rachel, une ligne droite assez interminable. On s'y emmerde assez rapidement mais c'était sans compter sur mon lacet qui s'est défait histoire de pimenter la course. Et voilà comment on a perdu une vingtaine de secondes. Note pour plus tard : toujours faire des doubles noeuds !
J'ai pas trop eu le temps de profiter des animations le long du parcours, j'étais concentrée sur mon environnement proche : le gars en gris qui courait à la même vitesse que moi et voulait absolument prendre la même trajectoire que moi, la fille en noir qui avait le même genre de physique que Marion Bartoli, pas vraiment une sylphide mais elle galopait. J'essayais de ne pas prendre les garçons de vue et de garder le rythme. Après un peu plus de 26 minutes, on entamait notre inconstestable partie préférée de la course : les 2 kilomètres de montée sur l'avenue Pie IX ! Le gars en gris était toujours là, une soudaine envie de lui briser la jambe m'a traversé l'esprit mais je n'en ai rien fait. Faut définir des priorités dans la vie, finir la course ou faire du mal aux autres, j'ai choisi ;) Il pleuvait toujours et il faisait de plus en plus chaud, je courais volontairement dans toutes les flaques d'eau que je croisais à la recherche d'un peu de fraîcheur. Tout ce que j'ai trouvé, c'est de l'eau dégueulasse. Arrivés en haut, on était toujours dans notre objectif de temps mais il ne me fallait pas flancher, les autres avaient l'air encore bien frais. Dans la courte descente, difficile d'en profiter, je commencais à trouver le temps long, et j'appréhendais la dernière partie de la course, celle où on voit le Stade Olympique comme si on était, à part qu'on y est pas tout à fait... super frustrant. Mes coachs étaient toujours là, ils controlaient régulièrement que je maintenait la cadence. Les 1500 derniers mètres m'ont semblé interminables, je ne voulais pas lâcher mais j'avais envie de vomir, je me sentais asphixiée, et j'avais cette impression, comme dans les films où la caméra fait travelling compensé, de m'approcher de la cible en même temps qu'elle s'éloignait.

J'en ai rêvé tout l'été, et j'ai fini par entrer dans le Stade Olympique par la grande porte, celle des marathoniens des JO de 1976. Je suis passée devant le panneau du 42ème kilomètre, puis celui du 21ème et je l'ai enfin vue... la ligne d'arrivée. J'ai rassemblé les forces qui me restaient pour y arriver le plus vite possible.


Une fois la ligne passée, et après avoir jeté un coup d'oeil sur le chrono, je crois que je me suis remise à respirer. J'étais très contente de moi, j'ai même cru que j'allais me mettre à pleurer. Mais bon, faut pas déconner non plus, je suis plus un bébé. Pleurer, je laisse ça à Tomas ;)
A voir nos têtes, je pense qu'on était tous contents de nous.


Si je devais résumer cette course, façon pub pour Mastercard, je dirais :
S'inscrire en ligne : $48
S'acheter la ceinture d'Astérix : $45
Boire du Gatorade après l'entrainement : $1.89
Passer la ligne d'arrivée dans le Stade Olympique en 51'41", en entendant le speaker prononcer mon nom : priceless...



Voilà, ça, c'est fait. Maintenant, je me suis trouvé un nouvel os à ronger : le semi-marathon de l'année prochaine !