jeudi 22 mai 2008

Pardon my French

... Écrire purement en français, c'est un soin et un amusement qui récompense quelque peu l'ennui d'écrire. (Paul Valéry, Tel Quel.)

N’allez pas croire que je suis une puriste du français. Je dis volontiers que je me déplace en vélo (et non à vélo). J’ai souvent agrémenté mes phrases d’anglicismes tels que "déceptifs", "checker" ou "implémenter". Et j'ai été à l’origine de néologismes particulièrement innovants… Cependant, la plupart du temps, j’estime parler et écrire ma langue maternelle sans trop l’écorcher. Allez, maintenant vous allez scruter tous mes messages à la recherche de fautes, d’erreurs de grammaire et de conjugaison (régalez-vous, c’est mon point faible). Tant pis pour moi, ça m’obligera à redoubler d’efforts pour qu’il y en ait le moins possible !
Toujours est-il que si je fais des efforts, j’apprécie qu’on en fasse autant. J’aime bien qu’ on utilise les mots à bon escient (oui, je suis maniaque et je vous emm…), qu’on les écrive correctement et qu’on respecte quelques règles de base, sinon ça gâche un peu le plaisir.
Regardons cet exemple, la bande-son de cette vidéo a été développée en 2002 par des créatifs de l’agence Lowe Alice (aujourd'hui Lowe Stratéus).



Un petit bijou de lucidité sur le milieu de la pub mêlée d’un brin de cynisme qui me réjouit. Mais voilà, les incrustations sont truffées de fautes, même les internautes moyens, généralement utilisateurs immodérés du langage SMS, les ont vues !!!

Bon, revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos caribous. Ces derniers temps, il m’arrive d’avoir des micro-arrêts cardiaques en lisant ou en écoutant les québécois, pourtant ardents défenseurs de la langue française (dans l’absolu et face à l’anglais), s’exprimer.
Les québécois sont adeptes du "double tu". Ils ajoutent sans modération des "tu" un peu partout dans la conversation. Il y a le classique "Tu veux-tu un café ?" et le surnaturel "On va-tu au cinéma ce soir ?". On pourrait penser que c’est uniquement dans le langage parlé mais j’ai rencontré une italienne installée à Montréal qui suit un cours de français où une des profs, québécoise pur sirop d’érable, leur apprend ce genre de formule sans sourciller !!! Les italiens, normalement, ils sont juste bons à prendre des coups de boule, hein, pas à corriger les erreurs de français des profs ;)
Les accords des noms et des adjectifs sont parfois rock’n roll, en particulier pour le genre : mon préféré, qu’on trouve aussi bien sur les savons, les déos, les produits d’entretien ou dans les pubs : un "parfum subtile". Je suis désolée, un parfum n’est pas subtile. Moi, je suis subtile !

Ces petites erreurs de débutants, ça vient sûrement du fait que les québécois sont influencés par l'anglais, à l'insu de leur plein gré biensûr ;) Une certaine quantité de mots anglais s'est glissée dans leur vocabulaire. "Oui... et alors ?", me direz-vous, "En France aussi, on utilise plein de mots anglais. Y a pas de quoi appeler les parents !" Ce qui est assez surprenant, c'est que ces mots anglais sont toujours utilisés au féminin. En parlant du match de hockey, on me dit : "Tu vas voir la game ce soir ?" Ou on me demande : "Alors t'as trouvé la job de tes rêves ?!?"
A près ça, ils refusent farouchement de se laisser envahir par l'anglais alors ils traduisent tout, souvent littéralement. Si je demande un Coca Light, ils me répondent qu'on est pas aux Etats-Unis et qu'ici, c'est du Coke Diète (traduction de Diet Coke). Le week-end, enfin je veux dire le congé de fin de semaine, ils jouent à la "balle molle" (= softball) puis vont manger au PFK / Poulet Frit du Kentucky (KFC / Kentucky Fried Chicken) ou McDo s'ils veulent des McCroquettes (McNuggets) ou un lait ultra-frappé (milk shake) !!!
Je vais m'arrêter là parce qu'il y aurait de quoi faire un dico entier mais ça ne m'empêche pas de continuer à me marrer.

Le mot infarctus est le seul mot irrégulier de la langue française. On dit : "un infarctus, des obsèques". (Francis Blanche)

Aucun commentaire: